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« Woman At War » : une héroïne écolo dans la peau de Madame tout le monde

14 juillet 2020, par Untitled Magazine

Étonnante fable contemporaine de l’islandais Benedikt Erlingsson, Woman At War nous fait traverser la nature menacée de l'île volcanique.

Armée de son arc, Halla pointe vers le ciel et atteint du premier coup sa cible : les câbles à haute tension de la multinationale Rio Tinto tombent à terre en un feu d’artifice électrique. La femme d’une cinquantaine d’année n’en est pas à son coup d’essai et rien n’altère ses convictions : ni la télévision la présentant comme une terroriste dégénérée, ni les rares proches au courant de son activité, tentant de la persuader d’abandonner le combat. Son héroïsme est d’autant plus déconcertant qu’au civil, Halla mène une existence paisible. Professeure de chant choral, elle est bien intégrée dans sa ville et appréciée de ses élèves.

Traquée par une batterie d’appareils ultramodernes – drones, hélicoptères, satellites ou encore caméras thermiques – Halla réplique avec des outils rudimentaires et pourtant rudement efficaces. Des cailloux, une carcasse d’animal, sa grande connaissance de la nature et l’aide de quelques loyaux amis lui suffisent pour semer la coalition policière internationale à ses trousses.

Au cœur de cette nature islandaise rendue infinie et verdoyante par la saturation chromatique et les larges angles de caméra, Halla ne lutte pas seule : faisant fi des règles cinématographiques, les musiciens de la bande-son l’escortent dans tous les moments charnières de sa vie et jusqu’à son ultime voyage, en Ukraine.

« Je ne suis pas une criminelle, au contraire ! »

A la tension dramatique bien maîtrisée qui se noue crescendo, vient s’ajouter une bonne dose d’humour à la nordique, décrivant les protagonistes avec ironie et bienveillance. On y rit des portraits protecteurs de Gandhi et Mandela trônant chez Halla, de son adoration pour le chant choral, discipline un brin désuète, ou des positions d’invertébrée de sa sœur jumelle en pleine session de yoga.

On ose aussi regarder frontalement les contradictions de l’héroïne et du monde dans lequel elle vit. Lorsque, depuis son petit appartement douillet, Halla apprend qu’elle va être mère, la télévision passe les images désolées de la catastrophe climatique mondiale. Et la femme, capable de porter sur ses épaules la responsabilité du sauvetage de la planète, semble complètement désemparée à la perspective de s’occuper d’un enfant.

A travers ce plaidoyer écologiste, on découvre l’activisme dans sa plus belle humanité mais aussi dans sa réalité ingrate : une succession de loupés, de quelques positions inconfortables et de téléphones dans le frigo… Ce regard sur l’engagement fait joliment écho aux questionnements de toute une génération pour laquelle, dans ce monde si imparfait, il ne semble plus rester qu’un militantisme radical. Si Halla parvient finalement à stopper un accord économique entre la Chine et l’Islande, alors, rien n’est finalement perdu pour nous… En espérant que le message d’espoir de ce joli film imprègne tous les esprits conquérants.

Woman At War de Benedikt Erlingsson, disponible sur arte.tv jusqu’au 21 juillet




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